Comme tous les parents, nous voulons que nos enfants poursuivent leurs études : y a-t-il besoin de développer ce sujet ? Toutes les statistiques le prouvent, plus le niveau de formation est élevé, plus les chances de trouver un emploi sont grandes. Le chômage est malheureusement un fléau qui frappe particulièrement les jeunes et les handicapés. Nos enfants sont jeunes et sont sourds : ils font partie des populations à risque.
Comme tous les étudiants, les jeunes sourds aspirent à suivre leurs études dans des conditions normales, en pouvant participer aux cours comme tout un chacun, en comprenant ce que dit l’enseignant, en rentrant chez eux avec des notes écrites ....
Comme tous les salariés, les interprètes, interfaces de communication, codeurs, coordinateurs aspirent à poursuivre leur excellent travail reconnu de tous et plus particulièrement des jeunes étudiants qu’ils accompagnent. Ils ont acquis des compétences rares, ils agissent efficacement pour l’insertion des jeunes sourds, ils sont eux même soutiens de famille et ils ont besoin que leur travail soit rémunéré à sa juste valeur.
Et nous devrions accepter sans rien dire que, du jour au lendemain, on nous annonce la suppression des financements pour la fin de l’année universitaire 2004/2005 !
Le conseil d’administration de l’AGEFIPH en a décidé ainsi ! C’est en tout cas l’information que les délégations régionales nous ont transmises dès qu’ils en ont eu connaissance (le 3 février 2005) :
Arrêt des financements à la fin de l’année universitaire 2004/2005.
Plus de nouveaux accueils.
Poursuite éventuelle jusqu’au 31/12/2005 pour les étudiants qui sont déjà en cours de formation.
Le 4 février, nous avons rencontré Monsieur Gohet, délégué interministériel aux personnes handicapées, et nous lui avons fait part de cette information toute fraîche qui venait de nous parvenir et nous assommait.
Dès le 5 février, nous avons écrit à Monsieur Jouan, président de l’AGEFIPH, et à Madame Montchamp, secrétaire d’état aux handicapés, pour leur demander de nous recevoir en exprimant notre inquiétude et en proposant de reporter la décision d’arrêt des financements d’une année universitaire( 2005/2006) afin de permettre au texte de loi d’entrer en vigueur à travers la promulgation des décrets d’application précisant les modalités pratiques de la mise en œuvre du droit à compensation, et en proposant de réunir toutes les parties concernées sous l’égide du secrétariat d’état.
Que la responsabilité du financement en incombe à l’état, ce qui est affirmé dans la loi du 11 février 2005, est une chose : Nous en prenons acte. Que la loi doive s’appliquer au 1er janvier 2006 en est une autre : Permettez-nous de douter qu’elle soit opérationnelle dans toutes ses dimensions à cette date ! En tous les cas, il faut faire vite, et c’est maintenant que les solutions doivent être avancées. Permettez nous de douter aussi que l’Education Nationale sera en capacité de le faire à la même date !
Vous vous trompez de cible, dit l’un !
Il faut que cesse l’agitation informatique, dit l’autre !
Il faut que cesse la campagne de désinformation intempestive, dit le 3ème !
Nous estimons qu’il est de notre devoir que l’information circule : Les parents, les étudiants, les salariés, les partenaires, les décideurs - politiques et institutionnels - doivent être informés. Ils pourraient, à juste titre, dès la prochaine rentrée (septembre octobre 2005) ou en janvier 2006, nous reprocher de n’avoir rien dit, de n’avoir rien fait.
Désinformation ! Si cela était vrai, quel soulagement pour tous ! Malheureusement pour l’instant tout est confirmé.
Les médias font leur travail en relayant les inquiétudes. Tant mieux, cela permet d’avancer : Profitant de la venue à Chateaugiron de Madame Monchamp nous avons été reçus au prix d’une mobilisation qualifiée de « bonne enfant » par la presse écrite (Ouest France) et les télévisions (France 3,M6 et TV Rennes). A Nantes, à Montpellier les étudiants sont réunis à l’initiative des « opérateurs » URAPEDA et Handisup pour l’un, ARIEDA et Graphes pour l’autre. La presse est informée ainsi que les élus. A Paris les prestataires constituent un comité de coordination (COPAHES) coordonné par l’ARIS et ont publié un communiqué.
Après une première réponse tardive du directeur adjoint de l’AGEFIPH à notre 1er courrier confirmant pour la 1ère fois par écrit nos craintes, nous avons réitéré notre demande d’entrevue. Nous serons reçus vendredi 15 avril par Madame Buisson, directeur général de l’AGEFIPH. Nous savons mieux que quiconque ce que nous ont permis de réaliser les financements de l’AGEFIPH : en rendant accessible les études supérieures à plusieurs centaines d’étudiants sourds chaque année depuis plus de 10 ans, le fonds pour l’insertion des personnes handicapées a enfin montré que la qualification des jeunes sourds à un haut niveau n’était pas un mythe. Il a contribué à former une génération de jeunes cadres sourds. Les services mis en place (pôles de soutien à l’intégration des étudiants sourds) doivent pouvoir poursuivre sereinement leur mission sans que reste suspendue la menace toujours brandie d’un arrêt des financements.
Notre mobilisation à tous, responsable et raisonnée, est indispensable pour que des solutions soient trouvées afin d’éviter toute rupture dans les parcours universitaires.