Nous avons le plaisir de vous annoncer l’ouverture des inscriptions au séminaire "Surdité et langue des signes : analyseurs politiques, philosophiques et sociolinguistiques".
Le séminaire débutera le lundi 17 octobre 2011 à 19h (exceptionnellement en salle Lombard du 96 Bd Raspail).
Les demandes d’inscriptions sont à envoyer à : Andrea.Benvenuto@ehess.fr
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Surdité et langue des signes : analyseurs politiques, philosophiques et sociolinguistiques
Argumentaire
La question de la surdité a donné matière à toutes sortes de discours depuis la théologie jusqu’aux sciences humaines et sociales. Le sourd n’a que bien peu, et le plus souvent par occasion ou par biais, fait l’objet d’une approche philosophique et historique spécifique. De l’influence du paradigme aristotélicien qui, en fondant sur le langage (donc sur la parole articulée) la frontière entre l’homme et l’animal et avec lui le caractère politique de l’animal humain, place le sourd hors de la cité, aux controverses autour de l’origine du langage au XVIIIe siècle, le sourd-muet des philosophes a inspiré des pratiques pédagogiques telles que celle de l’abbé de l’Épée dont 2012 commémorera le tricentenaire de la naissance. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les méthodes employées dans l’éducation des jeunes sourds étaient fondées principalement sur l’enseignement de la parole orale. Avec l’abbé de l’Épée (1712-1789), la prise en considération de la langue des signes marque un tournant valorisant la langue naturelle des sourds dans leur éducation. Au XIXe siècle, l’éducation des sourds subit une profonde mutation. Depuis la Révolution française, elle est devenue une affaire publique et concerne une communauté de citoyens. Mais ses objectifs se déplacent : de moyen, la parole devient une fin. De figure philosophique, le sourd se mue en analyseur anthropologique définissant les contours de l’humain en termes de normal et de pathologique. La controverse pédagogique autour de la langue trouvera au XIXe siècle dans les discours et les pratiques médicales un autre espace d’intelligibilité. La question du langage des sourds devient un problème d’ordre pathologique. Si l’humanité des sourds n’est plus en question, leur « anormalité » est à la mesure d’une médecine moderne de l’oreille qui se développe au sein des institutions éducatives des sourds et qui interroge le fonctionnement normal ou anormal des organes et la limitation des capacités intellectuelles des sourds.
En ouvrant sur un programme qui s’étalera sur deux années, ce séminaire s’attachera à étudier les conditions politiques, historiques et philosophiques d’émergence et d’installation du projet pédagogique de l’abbé de l’Épée, projet qui peut être situé au croisement de la recherche d’une langue universelle (où la langue des signes a pu être vue comme paradigmatique), des interrogations des empiristes autour de la place du sensible dans la construction du signe et d’une dimension politique d’inclusion et d’assistance aux infirmes que la nouvelle République allait bientôt généraliser. Les premières années de la création de l’Institut des sourds-muets de Paris seront capitales pour la définition politique de ce projet. Dans un deuxième temps, nous étudierons les conditions qui ont produit un déplacement d’objectifs : de terrain d’application d’une épistémologie de la connaissance, l’enseignement des sourds devient terrain d’observation d’une clinique otologique naissante dans les écoles nouvellement créées. Enfin, en prenant comme fil conducteur de nos analyses la thèse de Bernard Mottez (1987) « la surdité est un rapport », nous chercherons à rendre visibles, à travers des documents d’archives (lettres, dessins, récits de vie), les ruptures de rapports entre sourds et entendants sans les limiter à l’analyse des conditions de possibilité ou d’impossibilité du lien social, mais en considérant les actes, les modes de faire et de dire par lesquels les sourds ont occupé d’autres places que celles auxquelles ils ont été assignés.
Aires culturelles France et Europe
1er et 3ème lundi du mois de 19h à 21h à partir du lundi 17 octobre 2011 jusqu’au 18 juin 2010.
Salle 8
105 Bd Raspail. 75006 Paris
M° Notre Dame des Champs