Afin d’améliorer la connaissance de la population déficiente auditive et faire face au manque de données dans la région, la réalisation d’une analyse spécifique sur les déficients auditifs à partir des données issues de l’enquête HID [1] a été confiée à l’ORSRUN [2].
Vous trouverez ci-dessous quelques extraits de l’étude
Prévalence de la déficience auditive
La compensation du handicap chez les déficients auditifs
Scolarité, emploi et reconnaissance administrative
Environ 34 000 déficients auditifs sur l’île.
Les résultats de l’enquête HID, extrapolés à l’ensemble de la population réunionnaise ont permis d’estimer à environ 34 000 le nombre de déficients auditifs sur l’île, soit 44 déficients auditifs pour 1 000 habitants. En métropole, la population des déficients auditifs a été estimée à près de 5 200 000 personnes, soit un taux de 89 pour 1 000 habitants. Au niveau national, les estimations de prévalence de la déficience auditive extrapolées à partir de l’enquête HID sont cohérentes avec celles issues d’autres enquêtes.
L’écart important entre la situation régionale et celle
observée au niveau national (taux divisé par 2) peut
s’expliquer par plusieurs constats :
résulter d’une surreprésentation des déficients
intellectuels au détriment des autres déficiences.
l’influence de la structure par âge sur les résultats : La
Réunion a une population relativement plus jeune que
celle de la métropole. Et les différentes études
épidémiologiques ont déjà montré la survenue plus
fréquente des déficiences auditives chez les personnes
plus âgées (à partir de 55-60 ans) ;
le mode de recueil des données est basé sur des
déclarations. Les résultats peuvent ainsi être sous-estimés ;
la taille de l’échantillon : La faiblesse des effectifs,
notamment pour la population des déficients auditifs qui
correspond à une faible prévalence en population
générale, peut altérer la précision des résultats.
A La Réunion, 2 000 personnes seraient atteintes d’une déficience auditive profonde à sévère, ce qui représente 6% des déficients auditifs (part également retrouvée au niveau national). Ce sont les personnes ayant déclaré être dans l’incapacité totale à entendre une conversation même à l’aide d’un appareil auditif.
La répartition des déficients auditifs selon le degré de sévérité diffère fortement entre La Réunion et la métropole. Si en métropole, la déficience auditive légère à moyenne est de loin la plus fréquente (de manière concordante avec les autres études) ; la situation observée localement est toute autre. Le taux de prévalence des déficiences auditives légères à moyenne est quasiment divisé par 4 au niveau régional : 16 déficients auditifs légers à moyens pour 1 000 habitants sur l’île contre près de 60 en métropole.
Ce résultat révèle une forte sous-déclaration au niveau régional. Cela explique en partie, de manière mécanique, la plus faible prévalence retrouvée sur l’île. Il pourrait traduire le fait que la population réunionnaise serait beaucoup moins sensibilisée (absence de message de prévention) par les troubles de l’audition. Les Réunionnais pourraient ne pas se sentir concernés par des problèmes d’audition, ne pas s’en préoccuper ou ne pas faire contrôler leurs capacités auditives ou ne pas se considérer comme déficients auditifs. D’ailleurs, il est intéressant de noter que selon l’enquête « Baromètre audition », environ 29% des répondants ayant des difficultés à suivre ou à participer à une conversation systématiquement ou très souvent, ne considèrent pas avoir de difficultés auditives.
Ce constat pourrait également révéler une méconnaissance de la population sur la déficience auditive (diagnostic, correction de la déficience, conséquences à plus long terme, ...).
Prévalences estimées de la déficience auditive
La Réunion (HID 2004), Métropole (HID 1998-1999)
Réunion | Métropole | |
Déficience auditive profonde ou totale | ||
Effectif prévalent | 2 013 | 302 900 |
Taux pour 1 000 habitants | 2,6 | 5,2 |
Déficience auditive moyenne à sévère | ||
Effectif prévalent | 19 868 | 1 429 800 |
Taux pour 1 000 habitants | 25,9 | 24,6 |
Déficience auditive légère à moyenne | ||
Effectif prévalent | 12 196 | 3 449 200 |
Taux pour 1 000 habitants | 15,9 | 59,4 |
Ensemble des déficiences auditives | ||
Effectif prévalent | 34 077 | 5 181 900 |
Taux pour 1 000 habitants | 44,4 | 89,2 |
Les aides techniques sont dans l’ensemble peu utilisées sur l’île.
A La Réunion, le recours aux aides auditives est peu fréquent et concerne de manière quasi-exclusive les appareils auditifs. En effet, le recours au matériel audiovisuel est quasi-inexistant chez les déficients auditifs (1% de cette population).
En ce qui concerne les aides pour entendre, 7% des déficients auditifs réunionnais déclarent en utiliser (une ou plusieurs), ce qui représentent environ 2 milliers de personnes. Leur usage est proportionnellement plus fréquent en cas de déficience auditive moyenne à profonde (11% des personnes y ont recours) que chez les personnes
ayant une atteinte légère à moyenne (2%).
Par ailleurs, les personnes âgées de 60 ans et plus utilisent plus fréquemment ce type d’aide que les personnes plus jeunes (9% des 60 ans et + contre 6% des moins de 60 ans).
Les besoins non satisfaits sont nettement plus importants que les usages.
En effet, dans la région, 26% des déficients auditifs (plus de 11 000 Réunionnais) déclarent avoir besoin d’une aide pour entendre mais ne pas en posséder. Tous degrés de sévérité confondus, seuls 22% des besoins exprimés sont satisfaits. Le taux de satisfaction est plus élevé pour les déficiences auditives moyennes à profondes que pour les déficiences légères à moyenne (23% vs 14%). Le taux de satisfaction augmente également avec l’âge : près de 30% des besoins ressentis sont satisfaits chez les déficients auditifs âgés de 60 ans et + contre 15% avant cet âge.
En ce qui concerne le matériel audio-visuel, moins de 2% de
la population des déficients auditifs déclarent en utiliser
(moins de 500 personnes concernées). Toutefois près de
2 000 personnes (5% des déficients auditifs) en expriment
le besoin. Le taux de satisfaction est de l’ordre de 24%.
En effet, les données nationales montrent que ces aides
sont principalement utilisées par les personnes ayant une
déficience profonde à totale ou une déficience moyenne à
sévère : ces deux groupes de déficients représentant la
grande majorité des utilisateurs (77%). Ce matériel adapté
aux malentendants est utilisé par une population
relativement âgée : les plus de 60 ans représentant plus de
64% des utilisateurs en métropole.
Le faible taux d’utilisation des aides auditives est retrouvé au niveau national.
Selon l’enquête HID nationale, le taux d’utilisation des aides pour entendre est de 13% et le taux de satisfaction approche les 40% des besoins. Les autres études sur le sujet font état d’un taux de l’ordre de 15 à 17% Les chiffres nationaux s’avèrent ainsi bien meilleurs que ceux présentés au niveau local.
Usage et besoins des différentes aides auditives déclarés (%)
La Réunion (2004), Métropole (1998-1999)
Usage déclaré [3] | Besoin déclaré [4] | Usage + besoin | Taux de satisfaction des besoins [5] | |
Aide pour entendre | ||||
Réunion | 7,4 | 26,0 | 33,4 | 22,1 |
Métropole | 12,9 | 19,6 | 32,5 | 40,0 |
Matériel audiovisuel | ||||
Réunion | 1,3 | 4,0 | 5,3 | 24,8 |
Métropole | 2,3 | 3,1 | 5,4 | 42,0 |
Même si les déficients auditifs sont conscients de l’utilité de
prothèses auditives, plusieurs freins peuvent expliquer
cette faible utilisation des aides auditives, parmi lesquels on
peut citer :
le rejet psychologique : le port d’un appareil auditif,
apparent et volumineux, peut s’avérer stigmatisant pour la
personne concernée ;
la mauvaise tolérance de l’appareil et les difficultés
d’adaptation ou de manipulation pourraient expliquer
également en partie un phénomène d’abandon de la part
des déficients auditifs ;
le coût de l’appareil constitue vraisemblablement un
obstacle important dans le recours à une aide auditive.
Malgré un remboursement partiel de la sécurité sociale, la
part à la charge de l’acquéreur reste élevée selon le type
d’appareillage. Par ailleurs, la prise en charge des coûts liés
aux soins auditifs n’est pas complète pour les bénéficiaires
de la CMU (Couverture Maladie Universelle).
Pour les deux premières raisons évoquées, on tend vers une amélioration de la situation puisque les progrès réalisés ces dernières années ont permis la production d’appareils plus discrets, plus performants (bénéficiant de la haute technologie : systèmes numériques), offrant un plus grand confort. Par conséquent, ces appareils pourraient être mieux acceptés et tolérés.
Toutefois, les motifs évoqués ci-dessus présupposent la connaissance des techniques compensatoires au handicap auditif. Le recours peu fréquent à ce type d’aides techniques pourrait également s’expliquer par un manque d’information, une méconnaissances des possibilités d’appareillage et de leurs résultats, ou une faible motivation pour rechercher l’information concernant les aides permettant de répondre à une déficience spécifique, plus qu’à un besoin non ressenti. D’ailleurs plusieurs résultats vont dans ce sens. Les résultats nationaux montrent que le recours est plus fréquent pour les déficients auditifs se trouvant en institution et bénéficiant de conseils de spécialistes . Par ailleurs, au niveau local, une analyse de l’ORS sur les aides techniques et les aménagements du logements chez les adultes handicapés de 20 à 59 ans vivant en domicile ordinaire mettait en évidence que le recours aux aides techniques de manière générale était favorisé par la présence de professionnels parmi les aidants des personnes porteuses de déficiences.
La langue des signes est très peu utilisée par les déficients auditifs.
Le recours à la langue des signes a pu être apprécié dans l’enquête HID. Les données recueillies ont permis de distinguer les personnes qui déclarent utiliser la langue des signes, celles qui déclarent la comprendre mais ne pas s’en servir et celles qui déclarent ne pas la connaître mais en avoir besoin.
A La Réunion, moins de 2% des déficients auditifs (550
personnes) déclarent utiliser la langue des signes.
Par ailleurs, environ un millier de déficients auditifs
déclarent connaître la langue des signes mais ne pas la
pratiquer.
Ce très faible recours à la langue des signes est retrouvé au
niveau national (moins de 1% la pratique).
Le recours à la langue des signes variable selon l’âge.
La faiblesse des effectifs au niveau local ne permet pas d’analyse selon le sexe, l’âge ou le degré de sévérité de la déficience auditive. Toutefois, selon les données nationales de l’enquête HID, la pratique de la langue des signes concerne majoritairement les jeunes. Tous degrés de sévérité confondus, les moins de 60 ans représentent les ¾ des utilisateurs.
Différentes structures proposent sur l’île l’apprentissage de la langue des signes : l’ARPEDA et le centre de la ressource notamment (cf. rubrique « adresses utiles » p14 de l’étude).
Usage et besoins de la langue des signes (%)
La Réunion (2004), Métropole (1998-1999)
Usage déclaré [6] | Besoin déclaré [7] | Usage + besoin | % de besoins déclarés satisfaits [8] | |
Réunion | 1,6 | 4,5 | 6,1 | 35,7 |
Métropole | 0,8 | 0,9 | 1,8 | 48,0 |
A La Réunion, comme en métropole, la pratique de la langue des signes ne concerne pas uniquement les personnes ayant de déficiences auditives. Environ 3 000 personnes n’ayant pas de déficiences auditives déclarent utiliser la langue des signes, vraisemblablement pour communiquer avec un ou plusieurs proches, pour l’enseignement ou l’interprétariat ou pour d’autres raisons personnelles, sociales ou culturelles, ... En métropole, ce sont environ 75 000 personnes n’ayant pas de déficience auditive qui déclarent l’utiliser.
L’enquête HID a permis également d’aborder la scolarité et la formation ainsi que la situation face à l’emploi.
Un taux de scolarisation plus faible qu’en population générale.
A La Réunion, le taux de personnes non scolarisées est de l’ordre de 25% au sein de la population des déficients auditifs de plus de 6 ans, cette proportion est 5 fois plus importante que celle observée en population générale pour la même tranche d’âge (5%).
L’analyse locale sur la scolarisation des déficients auditifs a
été limitée par la faiblesse des effectifs. Il n’y a pas d’autres
résultats exploitables à partir des données de l’enquête HID
Réunion. Toutefois, l’enquête nationale a permis de mettre
en lumière les éléments suivants :
Les déficients auditifs âgés de 6-25 ans sont
proportionnellement moins nombreux à suivre des études
initiales que l’ensemble des jeunes du même âge ; les
disparités augmentant avec le niveau d’étude.
De manière globale, sur l’ensemble des enfants et jeunes porteurs de handicaps, les données locales de l’Education Nationale illustrent bien ce constat : la plupart d’entre eux n’atteignent pas le lycée. Sur la rentrée scolaire 2004/2005, l’intégration scolaire des enfants et adolescents souffrants de handicaps concernaient principalement les enfants scolarisés en écoles primaires ; seuls 3% des jeunes scolarisés l’étaient au lycée.
Ce constat traduit effectivement un abandon de la scolarité
importante dès l’âge de 16 ans (à l’entrée au lycée) qui
pourrait être aggravé pour les jeunes déficients auditifs en
raison des troubles du langage et de la parole entraînant
des difficultés d’apprentissage et par conséquent peut-être
plus d’échecs scolaires. Ces résultats posent la question du
devenir des enfants déficients auditifs, et des enfants
handicapés de manière plus large, sortis du système scolaire
à partir de 16 ans ? Quelle prise en charge après la
déscolarisation, quelle insertion professionnelle ?
Très peu d’enfants ayant une déficience profonde à
totale suivent des études, et notamment lorsqu’une
déficience intellectuelle ou du psychisme est associée.
Peu d’enfants scolarisés recevraient un enseignement
adapté (9%), le constat s’aggrave avec l’âge.
Il est vrai que la prise en charge des jeunes scolarisés dans
un milieu spécialisé, avec un enseignement adapté, est
important pour ceux atteints de déficiences plus lourdes et
ayant davantage de difficultés d’apprentissage. Toutefois,
l’intégration en milieu ordinaire des jeunes déficient auditifs,
dès le plus jeune âge (écoles maternelles ou primaires) peut
favoriser l’intégration sociale et la réussite scolaire.
A La Réunion, on compte pour l’enseignement en
intégration collective : 6 CLIS (Classe d’Intégration scolaire)
dans les écoles primaires et 2 UPI (Unités d’intervention
pédagogiques) dans les collèges, aucun enseignement
adapté n’est actuellement prévu au lycée. Cette raison peut
expliquer en partie l’abandon des jeunes porteurs de
handicaps au lycée.
La déficience auditive retentit sur les apprentissages scolaires que sont la lecture, l’écriture et le calcul.
A La Réunion, les déficients auditifs de plus de 6 ans sont nettement moins nombreux à maîtriser la lecture, l’écriture et le calcul que l’ensemble de la population générale. Le taux d’illettrisme concerne plus de la moitié des déficients auditifs de plus de 6 ans alors qu’il ne dépasse pas les 20% en population générale : proportion multipliée par 3 chez les déficients auditifs.
Par ailleurs, les données nationales de l’enquête HID, permettent de mettre en évidence que les déficients auditifs maîtrisent plus tardivement le langage écrit et le calcul que l’ensemble de la population et que ces difficultés d’apprentissages sont accentuées chez les jeunes ayant une déficience auditive profonde à totale ; le taux d’illettrisme variant sensiblement de 54% chez les jeunes déficients profonds ou totaux contre 25% chez les déficients moyens à sévères.
Il est également constaté au niveau national que les déficients auditifs terminent leurs études avec un niveau de qualification plus faible que l’ensemble de la population. Ce qui rejoint les constats évoqués plus hauts : les jeunes arrêtant souvent leurs études en cours de cursus (dès 16 ans). En effet, les jeunes déficients auditifs sont deux fois moins nombreux à atteindre le niveau « baccalauréat », et 3 fois moins à suivre des études supérieurs. Ces inégalités pourraient être la conséquence des retards d’acquisition du langage écrit et du calcul observé pour l’ensemble des déficients auditifs.
La Réunion accuse un certain retard par rapport à la
métropole. De manière générale, notre région est
caractérisée par un contexte éducatif moins favorable que
celui de la métropole (taux de sortie plus élevé, taux de
scolarisation et taux de réussite plus faibles, ...).
Les écarts observés entre La Réunion et la métropole dans
l’enquête HID et de manière plus générale, s’expliquent,
pour une partie, par des différences de contexte socioéconomique
et social.
Maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul chez les
déficients auditifs (%) [9]
La Réunion (2004), Métropole (1998-1999)
Réunion | Métropole | ||
Déficients auditifs | Population générale | Déficients auditifs [10] | |
Savoir lire couramment | 55 | 86 | 90 |
Savoir écrire couramment | 48 | 83 | 89 |
Savoir compter couramment | 59 | 88 | 90 |
Savoir lire, écrire et compter couramment | 47 | 83 | 88 |
Taux d’illettrisme | 53 | 17 | 59 |
Une plus grande difficulté à accéder à l’emploi.
L’existence d’un lien entre les problèmes de santé et les restrictions de participation à l’emploi est connue. Un problème santé de longue durée ou un handicap diminue presque par deux les chances de travailler, en tenant compte de l’influence de l’âge, du sexe, du diplôme et de la zone d’habitation. La reconnaissance administrative du handicap est encore plus pénalisante.
Les déficiences et surtout les incapacités majorent le risque de connaître une restriction de participation à l’emploi. En effet, le fait de déclarer, dans l’enquête HID, une incapacité sévère pour une ou plusieurs activités (beaucoup de difficultés ou besoin d’aide pour réaliser une activité considéré) multiplie par deux le risque de connaître une restriction de participation à l’emploi pour les personnes âgées de 20 à 59 ans vivant en domicile ordinaire.
Parmi les déficients auditifs âgés de 15 ans et plus, 40% sont retraités d’une activité salariée ou non salariée (63% en métropole). Cette proportion est nettement plus élevée que pour l’ensemble de la population réunionnaise (10%). Cette différence est vraisemblablement liée en partie au fait que les déficients auditifs sont majoritairement âgés de 60 ans et plus. Les écarts entre la région et la métropole sont probablement dus à des effets liés à l’âge : la structure par âge n’est pas comparable à La Réunion et en métropole.
Toutes déficiences auditives confondues, le taux d’emploi des déficients auditifs âgés de 20 à 59 ans est égal à 35%. Ce taux est bien inférieur à celui observé en population générale. Il est également bien en deçà de la proportion estimée au niveau national (67%).
Les données nationales de l’enquête HID montrent que le
taux d’emploi est d’autant plus faible que la déficience est
sévère. Cependant, ces restrictions de participation à
l’emploi auxquelles sont confrontées les personnes
déficientes auditives peuvent être liées, au moins en partie,
à d’autres facteurs que la déficience auditive : problèmes de
santé associés, déterminants sociaux, ... Il a été vu plus
haut que 3 déficients auditifs sur 4 déclarent également une
autre déficience associée.
A contrario, la part des inactifs est plus que multipliée par 4
chez les déficients auditifs : 29% contre 7%. Le taux de chômage (rapport entre le nombre de chômeurs et la population des chômeurs et des actifs) est également plus élevé chez les personnes atteintes de déficiences auditives, tous degrés de sévérité confondus (36% contre 33%).
Le taux de chômage chez les déficients auditifs en métropole ne dépasse pas les 10% (6%). Ces écarts Réunion/Métropole pour le taux d’emploi, et le taux de chômage s’inscrivent dans un contexte plus général où La Réunion est marquée par un fort taux de chômage comparativement à la situation métropolitaine (respectivement 29,1% à La Réunion en 2006 contre 9,8% en métropole en 2005).
A l’inverse du taux d’emploi, les données nationales mettent en évidence que les proportions d’inactifs et de chômeurs augmentent avec le degré de sévérité de la déficience auditive.
Taux d’emploi, chômage et inactivité chez les déficients
auditifs* et dans l’ensemble de la population*(%)
La Réunion (2004), Métropole (1998-1999)
Réunion | Métropole | ||
Déficients auditifs | Population générale | Déficients auditifs [11] | |
Taux d’emploi | 35 | 52 | 67 |
Proportions de chômeurs [12] | 20 | 24 | 4 |
Proportions d’inactifs [13] | 29 | 7 | 15 |
A La Réunion, le chômage et l’inactivité chez les déficients auditifs concernent principalement des femmes (respectivement 65 et 63%). Cependant, les profils des chômeurs et des inactifs déficients auditifs varient selon l’âge. Chez les déficients auditifs chômeurs, plus de 38% ont moins de 20 ans et 52% ont entre 40 et 59 ans. En revanche, parmi les déficients auditifs inactifs, 42% sont âgés entre 40 et 59 ans et 50% sont âgés de plus de 60 ans.
Ces résultats illustrent les différents mécanismes de transferts d’un statut à l’autre. Les jeunes sortis du système scolaire, très jeunes comme cela a été évoqué plus haut, et avec un bas niveau de qualification arrivent sur le marché du travail et sont confrontés à de grandes difficultés pour accéder à un emploi. Vingt ans plus tard, les déficients auditifs viennent gonfler les effectifs des inactifs. Ce renoncement au travail peut s’expliquer en partie par une démotivation à trouver un emploi ou à se maintenir dans l’emploi. D’ailleurs une autre étude locale montrait que les sorties de l’ANPE pour motif d’abandon était plus fréquemment retrouvées chez les personnes porteuses de handicaps que dans l’ensemble de la population. D’autres motifs peuvent également expliquer cette forte proportion d’inactivité chez les déficients auditifs : le manque de qualification ou inadaptation du travail.
Peu de déficients auditifs ont un taux d’invalidité ou d’incapacité reconnu.
Vous pouvez télécharger l’étude complète ici
[1] HANDICAPS - INCAPACITES - DEPENDANCES A LA REUNION
[2] ORSRUN : Observatoire Régional de la Santé de La Réunion
[3] Usage déclaré : la personne déclare utiliser l’aide technique.
[4] La personne déclare ne pas disposer de l’aide technique ou ne pas l’utiliser mais en avoir besoin.
[5] Proportion de besoins déclarés satisfaits : usage déclaré/ (usage déclaré + besoin déclaré) * 100
[6] Usage déclaré : la personne déclare utiliser l’aide technique.
[7] La personne déclare ne pas disposer de l’aide technique ou l’utiliser mais en avoir besoin.
[8] Proportion de besoins déclarés satisfaits :usage déclaré/ (usage déclaré + besoin déclaré) * 100
[9] déficients auditifs âgés de plus de 6 ans
[10] Déficients auditifs de 6 à 25 ans. Pour les données locales, nous n’avons pas pu nous restreindre à l’analyse chez les 6-25 ans en raison de la faiblesse des effectifs.
[11] déficients auditifs âgés de plus de 20 à 59 ans ;
[12] Proportions de chômeurs parmi l’ensemble de la population. Cette notion est différente du taux de chômage (proportion des chômeurs parmi l’ensemble des chômeurs et des personnes exerçant un emploi).
[13] Proportion d’inactifs (autres qu’étudiants, retraités, retirés des affaires ou femmes au foyer) parmi l’ensemble de la population.