Pourtant, ne pourrions-nous concevoir l’émancipation des Sourds, partant leur participation dans la vie sociale, en n’en restant pas là ? En effet, après un diagnostic, l’accueil réservé aux Sourds réserve quelques surprises.
On se trompe là où l’on croit que des sous-titres suffiront. Alors qu’on prône l’intégration scolaire en enseignement ordinaire, on s’aperçoit qu’on perd alors toute la dimension d’une Histoire et d’une culture transmises par les aînés que les novices rencontraient dans les écoles spécialisées. Alors que la pratique de la langue des signes tombe à peu près sous le sens lorsque l’on voit des Sourds entre eux, pourquoi son interdiction lors du congrès de Milan en 1880 continue-t-elle d’agir ?
En creusant un peu du côté de la psychanalyse, de la sociologie, de la pédagogie, de la philosophie, on s’aperçoit ainsi qu’une dynamique du déni de surdité continue d’opérer.
Sans prétendre à l’exhaustivité, ce recueil décline différents aspects des réponses actuelles à la question sourde chez nous. D’autres méthodologies sont en effet bien mieux fructueuses ailleurs. Mais sans véritable application chez nous.
Avec l’aimable contribution d’Andrea Benvenuto, philosophe, Véronique Bergen, romancière, Fabrice Bertin, professeur, Simone Korff-Sausse, psychanalyste, Brigitte Lemaine, sociologue, André Meynard, psychanalyste, et Nicolas Rettmann, sous la direction de Louis Everaert.
Coll., Surdité et discrimination, Bruxelles, Editions de l’APEDAF ASBL, Les Cahiers de la Salamandre n°3, 2008, 152 p.