La PIE s’adresse aux entreprises du secteur marchand (affiliées à l’UNEDIC) embauchant des personnes handicapées en CDI ou CDD de 12 mois minimum et présentant des difficultés particulières d’accès à l’emploi. La P.I.E sera de 6.000€, elle est cumulable avec les autres aides de l’Agefiph ainsi qu’avec les exonérations de charges de droit commun.
Rappel : la Loi du 10 juillet 1987 oblige les entreprises du secteur privé et les établissements publics à caractère industriel et commercial occupant 20 salariés ou plus à employer, dans une proportion de 6% de leur effectif, des travailleurs handicapés. Aujourd’hui le taux de salariés handicapés en entreprise plafonne à 4,5%.
La nouvelle prime incitera t-elle les employeurs défaillants à remplir leur obligation ou provoquera t’elle un nouvel « effet d’aubaine », comme on a déjà pu le constater lors d’expériences analogues par le passé ?
Les services d’appui à l’emploi et à la formation professionnelle (financement Agefiph), gérés par le réseau UNAPEDA dans plusieurs régions, font tous le même constat : au-delà d’une prime ponctuelle, qui peut apporter le coup de pouce à l’embauche, les employeurs souhaitent surtout trouver des salariés compétents, bien formés. Ces employeurs demandent aussi à avoir la garantie de pouvoir faire appel, en cas de besoin, et dans la durée, aux services d’appuis spécialisés : mise à disposition dans l’entreprise de professionnels de la surdité intervenant pour une phase d’embauche ou une opération de maintien dans l’emploi en cas de difficulté, pour faciliter l’accès du salarié sourd à une formation professionnelle continue, pour former le personnel de l’entreprise à l’accueil de la personne sourde ou malentendante.
Ces services d’appui à l’emploi, du réseau UNAPEDA et d’autres réseaux, ont accompagné plus de 20 000 personnes sourdes et malentendantes depuis 1990, leur permettant d’accéder massivement à la formation professionnelle et à l’emploi en milieu ordinaire. Leur utilité et leur efficacité sont reconnues par tous. La condition indispensable pour favoriser l’emploi durable et qualitatif des personnes sourdes et malentendantes dans notre pays serait de garantir la pérennité de ces services, en leur donnant un statut législatif, et en leur assurant un financement public durable.
Malheureusement la loi Handicap de 2005 n’a pas voulu aller dans ce sens, et nous voyons se développer aujourd’hui une marchandisation des services à la personne. Avec quelles conséquences pour les personnes les plus fragiles de notre société, dont les personnes handicapées ? Nous ne sommes pas convaincu que cette évolution ira dans le sens d’une amélioration de la qualité des services rendus aux personnes handicapées et de l’équité de traitement entre elles.