Paris le 22 mai 2007
Monsieur,
Je vous remercie pour votre courrier qui maintient notre vigilance sur l’application de la loi du 11 février 2005. L’insertion des personnes handicapées est un combat inhérent à chaque thème : enseignement, logement, emploi... Mon programme y apporte une attention particulière, ainsi qu’à la place de chaque génération dans notre société. À Paris, j’ai travaillé en tant qu’adjointe au Maire Bertrand Delanoë qui a su initier les projets d’accessibilité de la capitale sans attendre la loi de 2005, notamment en augmentant très fortement le budget dédie à ces questions par rapport à son prédécesseur de droite.
La loi du 11 février 2005 comporte de graves manques que vous-même et les autres associations de personnes handicapées avez su souligner : les dérogations abusives accordées pour l’accessibilité, l’effet pervers du principe « un pour un », et en particulier le manque cruel de moyens d’application pour l’accompagnement scolaire et étudiant, alors même que le public des personnes handicapées subit à l’embauche la double discrimination liée à la sous-qualification. Nous ne pouvons que vous rejoindre dans la constatation régulière sur le terrain que le nombre d’AVS est grandement insuffisant et leur qualification incroyablement maigre pour qui doit jouer un rôle fondamental dans l’éducation d’enfants vulnérables. Les prochaines législatures doivent absolument y remédier.
Le handicap auditif que vous représentez tient à mes yeux une place particulière dans la mesure où il est souvent peu représenté et mal compris, ce qui se retrouve dans la loi votée le 11 février 2005. En effet, mon diagnostic vous rejoint entièrement sur l’incongruité du forfait de 30 heures qui provoque des situations aussi diverses et inacceptables que celle d’un étudiant sourd ne bénéficiant pas de suffisamment d’heures de traduction pour suivre ses études, et celle d’un jeune sourd recevant cette somme d’argent telle un « forfait surdité » sans contrôle de son utilisation effective pour sa vie sociale. J’ai dans mon entourage pu voir le parcours d’une jeune fille sourde ambitieuse qui s’est résignée à abandonner ses études par manque d’accessibilité.
Si les citoyens de 8ème circonscription me choisissent pour être leur députée, je défendrai en outre lors de mon mandat les propositions suivantes en faveur des personnes sourdes et malentendantes :
la possibilité d’une éducation bilingue français/LSF lorsque le jeune sourd ou son entourage signe, afin de ne pas créer de part et d’autre de situation d’isolement social
la présence beaucoup plus forte de la LSF dans les écoles et lycées pour entendants : les personnes handicapées auditives souffrent du manque cruel d’interprètes sur toute la France, non seulement pour leur disponibilité mais également en conséquence pour leur prix très élevé. L’interprète reste souvent la seule solution lors de travaux en groupe, comme c’est le cas dans le milieu professionnel. Ce point du nombre des interfaces possibles et qualifiés de communication est d’autant plus essentiel qu’il correspond également à l’accès de la personne sourde à la société : consultations médicale, juridique, etc.
la mise en place de centres téléphoniques comme cela existe déjà aux États-Unis : c’est à nouveau un point essentiel pour l’intégration réussie de personnes sourdes dans l’entreprise (certaines entreprises françaises, devant ce manque flagrant, commencent à prendre l’initiative privée), et dans notre société du multimédia en général. J’insisterai pour une accessibilité beaucoup plus complète et plus rapide des programmes télévisés français, en particulier l’accessibilité aux campagnes électorales.
Auprès de Bertrand Delanoë, j’ai été le témoin privilégié des transformations que Paris a engagées pour une ville capable d’accueillir les personnes handicapées : voirie, tramway, comptes rendus de mandats traduits, mise en place de la MDPH, campagnes de sensibilisation... En France, nous sommes encore en retard sur nos voisins. Il n’est plus l’heure de dire que le regard doit changer. Il est l’heure d’agir. C’est ce que je m’engage à défendre si je suis élue députée le 17 juin prochain.
Je vous remercie de m’avoir sollicitée et je compte sur vous pour continuer à nous interpeller, moi et mes collègues élu(e)s.
Très cordialement,
Sandrine Mazetier. Candidate PS, MRC et PRG dans la 8ème circonscription de Paris