Le pôle pass propose aux enfants sourds un parcours scolaire en milieu ordinaire allant de l’école Turgot au collège clemenceau et au lycée Edmond-Perrier.
Pourquoi les enfants sourds ou malentendants seraient-ils tenus à l’écart d’une école dont le principe même est de les intégrer ? Telle est la problématique essentielle que tente de résoudre le pôle pour l’accompagnement à la scolarisation des jeunes sourds (pass), mis en place à Tulle depuis la dernière rentrée. Il s’agit d’un parcours scolaire en milieu ordinaire, allant de l’école maternelle et primaire Turgot, au collège Clemenceau et au lycée Edmond-Perrier.
Une légitimité« En montrant aux élèves entendants qu’on peut pratiquer la langue des signes française et qu’elle est reconnue comme une langue de la République, on lui donne un statut et une légitimité ».
Lui-même sourd, Vincent Cottineau enseigne la langue des signes française (LSF) et est un des piliers du pôle pass. La mission de ce contractuel de l’éducation nationale, diplômé de l’université de Paris VIII, est d’assurer l’apprentissage de la LSF auprès de trois élèves sourds ou malentendants de l’école maternelle Turgot [1]. Vincent Cottineau dispense aussi aux élèves (entendants cette fois-ci) du collège Clemenceau des cours de découverte de cette langue. Il travaille également avec un groupe de 15 élèves entendants de seconde du lycée Edmond-Perrier sur la préparation éventuelle de la LSF comme épreuve facultative au baccalauréat.
« Je ne parle pas en classe et personne ne parle. C’est principalement du visuel. Cela oblige les élèves à se concentrer sur ce qu’ils peuvent exprimer avec leurs corps. Certains, timides ou fermés, peuvent par la langue des signes s’ouvrir et communiquer plus facilement », explique Vincent Cottineau.
« À terme, on accueillera les enfants sourds de l’école Turgot avec une logistique bien organisée » annonce Thierry Chazarin, principal du collège Clemenceau. « On n’en est pas encore là. Notre objectif dans l’immédiat serait d’ouvrir une option spécifique langue des signes comme celle du latin, en classe de cinquième. Les élèves pourraient ainsi apprendre la LSF jusqu’en terminale de manière plus approfondie. »
La mise en place du pôle pass a suscité beaucoup d’intérêt chez les élèves et les parents d’élèves du collège Clemenceau et du lycée Edmond-Perrier. « On a eu plus de 60 demandes de participation de lycéens. On ne peut pas aller au-delà des 15 élèves, car l’enseignement de la langue des signes nécessite une spatialisation. Les personnes doivent être disposées en forme de « U » pour pouvoir bien capter tout l’environnement explique Maryse Combes, inspectrice de l’education nationale.
Peut mieux faireExpérience pilote en Limousin, le pôle pass tulliste peut encore mieux faire. Avec le concours de l’Agence régionale de la santé, il pourrait embaucher des personnes pouvant jouer le rôle d’interprète dans une classe. Pour qu’un enfant sourd puisse suivre normalement un cours d’histoire, de géographie, ou de mathématiques, il a besoin de quelqu’un pour traduire ces cours en langue des signes. Le pôle pass de Tulle ne dispose pas d’interprètes alors que, selon les prévisions de l’Inspection académique de la Corrèze ce dispositif pourrait concerner à la rentrée 2012\2013, six élèves à l’école Turgot (2 en maternelle et 4 en élémentaire) et un élève au collège Clemenceeau.
Par rapport à la création d’un pôle pass sur Limoges, se posent aussi des questions sur la pérennité de celui de Tulle pour la prochaine année scolaire. La décision finale reviendra au recteur de l’académie, Jean Bertsch.
Source : http://www.lamontagne.fr © 13 Février 2012 à Limousin
[1] Au quotidien, ces derniers peuvent aussi s’appuyer sur Alice Bultheel, enseignante spécialisée et médiatrice pédagogique.