“Handicap et fonction publique, la volonté de réussir”. Tel est l’intitulé de la journée, consacrée pour la première fois, en ce 12 mai, à l’accueil des handicapés dans la fonction publique. Avec le support d’un “kit de communication” (affiche, dépliant sur les droits des handicapés et livret répondant aux questions fréquemment posées), la campagne vise à “faire changer les regards” et à “inciter les fonctionnaires concernés à déclarer leur handicap, afin qu’ils puissent bénéficier des droits auxquels ils peuvent prétendre”. “Trop souvent, les agents ne font pas connaître leur handicap, relevait hier le secrétaire d’État à la Fonction publique, Georges Tron, à l’occasion d’un déplacement sur ce thème à Beauvais, c’est la raison pour laquelle le gouvernement souhaite que l’on mette les agents en confiance pour faire connaître leur situation”.
Le secrétaire d’État a déploré que l’agent handicapé soit doublement pénalisé, “à la fois parce qu’il vit justement avec un handicap” et parce que “ses difficultés étant méconnues, cela entraîne une mauvaise image de la qualité de son travail”. Pousser l’agent frappé d’un handicap à se faire connaître pourrait évidemment permettre à celui-ci de bénéficier d’aménagements de son poste de travail, voire d’un reclassement. Conséquence indirecte : cela ferait grimper les statistiques sur le taux d’emploi des personnes handicapées dans la fonction publique, ce qui ne serait pas pour déplaire au gouvernement.
Volonté de transparence
Tout en reconnaissant les progrès accomplis ces dernières années, Georges Tron n’a pas manqué de souligner les efforts qu’il reste à produire et a insisté sur la volonté de transparence du gouvernement en la matière. Si la prise en compte du handicap ne se limite pas à la seule dimension du recrutement, celle-ci n’en est pas moins essentielle pour parvenir au fameux 6 %, qui n’est qu’un “seuil”, et non pas un “plafond”, ainsi que l’a rappelé le ministre. Or aujourd’hui, les taux atteignent 3,09 % au sein de l’Etat, tandis que la fonction publique territoriale flirte avec les 4,8 %. Un différentiel favorable aux collectivités que le ministre a notamment expliqué par le “lien de proximité” qui existe entre les élus et la population, conforté dans son analyse par les différents cas exposés par les élus de l’Oise qu’il a rencontrés.
Afin de rattraper le retard par rapport à la territoriale, Georges Tron a indiqué que le gouvernement recrutera 7 000 personnes en situation de handicap sans préciser à ce stade les modalités de recrutement de ces personnels. “Si ce chiffre ne suffira pas à atteindre les 6 %, il donne au moins une tendance et un signal fort”, a insisté le secrétaire d’Etat. En plus de cette promesse ferme d’embauche, Georges Tron a mis l’accent sur la nécessité de mettre de la “synergie parmi les différents acteurs qui interviennent en faveur du handicap” et sur ce qu’il a appelé le “qui fait quoi”. Associations, fonds d’insertion, ergonomes, etc., agissent pour une même cause, mais leur superposition génère une complexité, qui rend difficile la connaissance des dispositifs, comme l’a montré, au gré des rencontres, le cas de l’Oise, qui atteint aujourd’hui un taux de personnes handicapées de 2 à 3 %. Une meilleure communication sur les outils disponibles ne serait pas un luxe.
En attendant de récolter les fruits de sa campagne qui se prolongera avec la deuxième édition de la conférence nationale du handicap le 8 juin prochain, le gouvernement n’exclut pas d’insérer un volet “handicap” dans sa prochaine loi sur la précarité dans la fonction publique pour favoriser à plus long terme l’embauche de personnes handicapées. Ce “paquet social”, qui devrait englober également des mesures sur la diversité dans la fonction publique “intégrera des dispositions permettant aux handicapés de mieux poursuivre leur carrière dans la fonction publique ou d’y rentrer”, selon le ministre, qui a par ailleurs évoqué un dispositif de sanction financière à l’adresse des ministères qui ne respecteraient pas les objectifs fixés, mais sans en dire plus. Ce projet devrait être discuté en fin d’année.
Xavier Sidaner - www.acteurspublics.com