Accueil du site Culture Cinéma
 

RENCONTRE DU 5ème TYPE

Accessibilité de l’Habitat pour les Intermittents de la Communication
Article publié le mercredi 8 octobre 2008.


Surdi49 a réalisé un film de 10 minutes, , expliquant bien les difficultés rencontrées par les devenus-sourds et les malentendants dans leur vie quotidienne et notamment au niveau du logement.

Les actrices et l’acteur sont tous membres de Surdi49.

Voici le texte "Rencontre du 5ème type" ayant servi de base au film.


-  Anita et Aline sont toutes les deux devenues sourdes. Aline a un compagnon malentendant appareillé : Lucien.
Anita veut rendre visite à son amie Aline. Mais comment faire dans cette société où même les « entendants » communiquent souvent maladroitement et ignorent les principes de communication.
Anita veut s’informer des horaires de TGV. Aller aux guichets ? Au risque de faire la queue et ne pas comprendre un guichetier qui marmonne devant son écran d’ordinateur, ou qui porte une moustache.
Il y a plus simple : regarder le Minitel (3615 SNCF : à ce service vous pouvez même commander, payer, et vous faire livrer gratuitement). Anita choisit ses dates. Mais Aline sera-t-elle chez elle ? Comment la prévenir rapidement ? Pas par téléphone. Utiliser tout simplement le Fax ou Internet (E-Mail) c’est aussi rapide.

(JPG)
Rencontre du 5ème type

-  Maintenant que les miss sont d’accord, Anita doit acheter ses billets. Ah oui, mais il y a des réductions « vacances ». Zut ! il faut tout de même aller au guichet.
Anita y va avec son copain Claude, malentendant appareillé. Ils trouvent un guichet équipé d’une Boucle Magnétique ; Claude met ses Appareils de Correction Auditive (ACA) en position « T » ( = bobine magnétique) et explique sa demande. Le guichetier lui répond, mais il n’y a pas de son. Claude lui dit : « Monsieur avez-vous branché la Boucle Magnétique ? ». Le guichetier : « Quelle Boucle magnétique ? De quoi parlez-vous ? ». Claude : « Mais monsieur, il y a le logo « Oreille barrée » ici, donc il y a ce micro « spécial », allumez cet appareil ! ». Le guichetier : « Ah bon, je ne savais pas ! ».
Il l’allume, et la magie de la communication se réalise. Mais Anita rouspète en disant à Claude : « Pourquoi il parle en regardant son écran, alors que c’est à nous qu’il s’adresse ; comment veux-tu que je puisse pratiquer la lecture labiale ! ».
-  Les billets sont enfin achetés et Anita prévient Aline de son horaire d’arrivée.
Zut ! Personne ne pourra aller la chercher à la Gare. « Ce n’est pas grave, dit Anita, je prendrai le Bus, explique-moi le chemin ».
Aline répond : « Ok, tu prends la ligne 1 ou 8 face à la Gare sur le pont » (elle précise quelques détails) « Tu demandes l’arrêt « L’angoisse », puis tu prends la rue de La Galère. Je t’envoie un plan du quartier par Fax. C’est au N° 7 ».

-  Le jour « J », le voyage en TGV, la sortie de la Gare, et le trajet en Bus se font sans encombre. Mais pour trouver le N°7 ce n’est pas de la tarte. Il n’y a plus de numéro aux maisons. C’est malin. Ah, voilà un monsieur, je vais lui demander : « SVP où se trouve le N°7 ? ». « Hein, je ne sais pas, je ne suis pas d’ici », répond-il en marmonnant. Anita n’a rien compris et encore moins pourquoi il l’a plantée ici.
Tiens, voilà un autre beau mec. Même question. Réponse incompréhensible, car ce monsieur débite comme une « mitrailleuse ». Sans se démonter, Anita l’arrête et lui dit : « Voulez-vous parler moins vite, je suis sourde, pouvez-vous répéter ? ». L’autre répond : » Ah ! » et s’apprête à décamper comme s’il avait vu une « martienne ». Anita le reprend par la main : « Non, ne partez pas, regardez-moi, parlez en face de moi, calmement, je vous comprendrai ; n’ayez pas peur, je ne vais pas vous manger !
Le monsieur s’exécute et accompagne Anita jusque devant le N°7. Anita est folle de bonheur et lui fait la bise pour le remercier !

-  « Nous y voilà. Oh, zut ! Il y a un portier électronique. Bon, je sonne ». Déclenchement de la porte. Mais dans quel sens cela s’ouvre ? On tire ou on pousse ? Bon, je pousse. Cela ne marche pas. Je resonne. Cela se redéclenche. Là je tire. Et j’ai gagné, c’est ouvert.
Prenons l’ascenseur en espérant qu’il ne se bloque pas, car comment savoir si les secours sont arrivés après déclenchement de l’alarme ?
A l’étage, Aline m’attend, toute souriante, sur le pas de sa porte. Elle a su que quelqu’un arrivait grâce au doublage lumineux de la sonnerie d’entrée. A peine entrée, voilà un autre flash qui s’allume. Cette fois c’est celui du téléphone ; Lucien décroche. En fait, c’est un appel Fax avec son « bip, bip » particulier. Lucien fait « # » puis « 7 » sur le combiné téléphonique et voilà c’est transmis au télécopieur ; il peut raccrocher.
C’était Claude de Paris, qui voulait savoir si Anita était bien arrivée. Nous allons lui répondre. Ah, d’où envoie-t-il son Fax ? Il n’y a pas de numéro en haut de la page. Tant pis, Anita lui envoie un SMS sur son portable. C’est pratique ces machins-là !
Mais comment Lucien a pu savoir que c’était un appel Fax et non un appel téléphonique en décrochant le combiné du téléphone ? Eh bien, grâce à la Bobine Magnétique du combiné téléphonique.

-  Apéro d’accueil. Les filles « papotent », un peu fort selon Lucien. Là, il est gêné avec ses ACA qui amplifient tout. Heureusement qu’il a un numérique et un programme « bruit ». Il choisit ce dernier. Ah ouf ! c’est un peu plus supportable.
Mais comment font-elles pour se comprendre ? Eh bien, grâce à la Lecture Labiale seulement. Parfois un peu de Dactylologie pour « débloquer » un mot non compris ; une feuille de papier et un crayon quand c’est trop compliqué. C’est tout de même plus facile à 2 ou 3 personnes que lors de grands repas de famille ; dans ce cas, c’est épouvantable, on est vite un « pot de fleurs » pour décorer ; ça parle dans tous les sens et les sujets changent sans arrêt. Puis il faut manger en même temps. De plus, certains convives parlent la bouche pleine. Et la lecture labiale pendant 2, 3 heures de suite, c’est épuisant en raison de la concentration à fournir.

-  Nouveau flash ! cette fois-ci c’est celui de l’entrée. « Non, dit Lucien aux filles, il n’y a personne, c’est vous en vous esclaffant trop fort qui avez déclenché la sonde du système et de ce fait le flash. Ce sont les limites de la technique.

-  Tiens, voilà Lucien qui court dans la chambre du petit Corentin. Il le ramène tout en pleurs. Comment a-t-il su que le bébé pleurait ? Grâce au système de détecteur de pleurs sous le lit du bébé, puis du vibreur à la ceinture de Lucien. Aussi, pour se réveiller le matin, rien de tel qu’un petit réveil vibrant sous l’oreiller.

-  Pendant le dîner, Aline dit à Anita : « Ce soir à la Télé, il y a un reportage sur l’accessibilité de l’habitat aux Personnes Handicapées, on va le regarder, c’est pour nous ». Lucien les ramène sur terre en leur disant : « Hélas non, ce reportage n’est pas sous-titré ». Les filles s’exclament « Quoi, ils réalisent une émission sur les Personnes Handicapées qui ne leur est pas accessible. Et avec cela, il faut payer une Redevance TV comme tous les autres ».
Aline regarde Lucien et dit : « Toi tu vas pouvoir la regarder grâce à ton écouteur infra-rouge et Boucle Magnétique, et l’émetteur infra-rouge branché à la Télé. Tu nous raconteras après. Mais ce ne sera pas pareil, ce sera du « Reader’s Digest ». Lucien ajoute : « Et même pas possible d’enregistrer l’émission avec le magnétoscope et le décodeur Télétexte puisqu’il n’y a pas de sous-titres » puis de préciser : « Tout cela c’est bien beau, ces techniques nous sont indispensables mais elles coûtent cher avec la TVA à 19,5% alors qu’elle est à 5,5% pour les parcs d’attractions, les fleurs, ...
Anita s’exprime : « Le plus dur est dans les rencontres familiales ou amicales, avec beaucoup de personnes ; cela me stresse de voir tous ces ensembles de dents qui claquent dans le vide, sans aucun son ; j’ai l’air d’une c.. au milieu d’une cage de singes en furie ! ».
Et cette mode de recevoir dans des ambiances de loft, c’est-à-dire lumières tamisées avec des spots aveuglants et une musique de fond qui déconcentre les malentendants. C’est vraiment anti-communicationnel.

-  La communication est tout un art, une grande leçon d’humilité, qui demande imagination, patience et persévérance, du matin au réveil, jusqu’à l’heure du coucher, dans toutes les pièces du logement, en toutes occasions y compris dans l’intimité du couple.

Communiquer c’est VIVRE.

Et vous ? savez-vous communiquer ?

(Angers, Août 2003)

Le DVD est vendu au prix de 10E l’unité.
Les frais de port s’élèvent à 2,65E pour un dvd. Pour une commande supérieure à un dvd nous consulter pour connaitre le montant des frais de port.
Chèque à libeller à l’ordre de Surdi49.
Commande et règlement à adresser à Vincent JAUNAY 17 rue Chef de Ville 49100 ANGERS

Téléchargez la jaquette du film

Les dvd seront expédiés à l’adresse que vous nous indiquerez et ce après réception du réglement de la commande.

Vincent JAUNAY
Président SURDI49
22 rue du Maine
49100 ANGERS
Fax : 02 41 48 91 64
E-mail : aamds-surdi49@wanadoo.fr


Aller au début de l'article
Répondre à cet article

Forum de l'article

Aller au début de l'article
L'UNAPEDA est une association pluraliste, ouverte, et permet donc l'expression des diverses sensibilités sur son site. Les articles publiés engagent leurs auteurs et ne signifient aucunement que notre association aurait, d'une quelconque manière, décidé de privilégier l'opinion qu'ils expriment au détriment de toutes les autres

Dernière mise à jour lundi 23 janvier 2023
2831 articles - 167 messages - 267 bréves.
Site réalisé par EMERA
avec SPIP 1.8.3 sous licence GPL - Epona 2.2.3.