Par Isabelle Duranton le 17 février 2016
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Le non-appareillage est devenu un vrai problème de santé publique. Sur les 6 millions de malentendants dépistés en France, seuls 25% sont appareillés ! Frein psychologique pour certains, acheté mais rapidement égaré pour d’autres, l’appareil auditif n’a pas la cote chez les principaux intéressés. Et surtout, une partie des personnes malentendantes refuse tout simplement d’investir dans ces petits bijoux de technologie trop coûteux... Au risque de développer isolement, dépression et troubles neurodégénératifs (Alzheimer et maladies apparentées). Résultat ? Un vrai déficit d’appareillage en France bien que le taux d’équipement (32% en France contre 41,1% en Grande-Bretagne) ait doublé en quinze ans.
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Des prix exhorbitants
Côté consommateurs, c’est surtout le coût des prothèses qui freine l’équipement : en moyenne, 1550 € l’unité, 3100 € pour les deux oreilles. Un appareillage cher payé lorsque l’on apprend que le coût des composants oscille entre 50 et 90€. Si ce prix intègre aussi le délicat travail de réglage et de suivi de l’audioprothésiste pendant cinq ans -des prestations associées clarifiées par la loi Macron - il reste un véritable frein à l’achat. D’autant que les faibles remboursements de la Sécurité sociale et de la mutuelle laissent un reste à charge important pour le patient : 1100€ par oreille.
L’Autorité s’interroge sur les raisons de ces prix : est-ce aussi en rapport avec le manque de professionnels du secteur - il existe un numerus clausus pour les audioprothésistes ? 3091 audioprothésistes exercent alors que les besoins sont estimés à 7150. Cela a-t-il une incidence sur le coût final de la prestation ? Ils percevraient de 650 à 1250€ selon le type de prothèses. L’UFC-Que choisir l’avait déjà relevé en septembre dernier et l’ IGAS (Inspection générale des Finances) estimait quant à elle la rentabilité des audioprothésistes à 10%.
Second sujet mis sur la table, la concentration du secteur : quatre fabricants se partagent 80% du marché, ce qui limite la concurrence. Quelle part prennent-ils dans la fixation du prix des prothèses ? L’organisme va enfin enquêter sur les marges des centrales d’achat, des distributeurs et des audioprothésistes.
Voir également : Prix des audioprothèses : une cause de renoncement aux soins pour 2,1 millions de malentendants