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ACOUPHÈNES : Ils impliquent en fait un très large réseau dans le cerveau - eLife

Article publié le mercredi 20 mai 2015.


Acouphènes et hyperacousie sont 2 troubles souvent concomitants. Cette recherche internationale, présentée dans la revue eLife, et qui marque une véritable percée dans la compréhension de ces 2 troubles pourrait conduire à de nouveaux traitements innovants. En identifiant les différentes zones cérébrales impliquées et l’ensemble du réseau activé, les chercheurs suggèrent maintenant de procéder par élimination : vérifier chez l’animal, si la » fermeture » d’une partie de ce réseau pourrait soulager l’acouphène, l’hyperacousie ou les deux conditions.

L’acouphène est un trouble auditif courant, et très fréquent chez les soldats revenant des zones de conflit. Son symptôme, un bourdonnement continu dans les oreilles, qui peut être très handicapant. On estime qu’1 Français sur 4 pourrait être touché par les acouphènes, qu’1 personne sur 2 a déjà fait l’expérience des acouphènes et qu’1 personne sur 2 connaît quelqu’un qui souffre d’acouphènes. Pourtant, 51% des personnes atteintes n’ont jamais consulté. Un grand nombre de causes a été évoqué, des lésions aux cellules ou aux cils de l’oreille interne en particulier, qui peuvent entrainer un signal électrique erroné à travers le nerf auditif que le cerveau interprètera comme un son. Dans d’autres cas, les acouphènes sont liés à la perte d’audition liée à l’âge ou presbyacousie, à l’exposition à des niveaux de bruit (ou de musique) élevés, à une accumulation de cérumen ou à une otospongiose de l’oreille moyenne. L’acouphène reste néanmoins en grande partie un mystère, et ses traitements ou thérapies, comme la thérapie acoustique d’habituation, ne sont pas toujours efficaces.

L’hyperacousie qui se traduit par une hypersensibilité de l’ouïe et une intolérance à certains sons du quotidien, est déjà considérée un des symptômes associés aux acouphènes, qui a les mêmes causes et peut être pris en charge comme l’acouphène.

Cette collaboration internationale impliquant des chercheurs de l’Université de Buffalo, de l’Université de Nanjing (Chine) et de l’Université Dalhousie (Canada) apporte un nouvel éclairage sur la fréquente concomitance des acouphènes et de l’hyperacousie. En induisant des acouphènes chez des rats en leur administrant le principe actif de l’aspirine, connu pour produire les mêmes symptômes que les acouphènes et l’hyperacousie chez les humains, les chercheurs observent via l’IRM fonctionnelle, que certaines régions du cerveau deviennent très actives une fois que l’acouphène est induit. Plus la dose d’aspirine est élevée, moins l’information auditive est envoyée de l’oreille au cerveau et plus le cerveau réagit par une hyperactivité. En retraçant l’ensemble du réseau, les chercheurs identifient une sorte de hub de traitement du son sur la voie auditive centrale. Ce hub est connecté à :

· L’amygdale, la zone du cerveau impliquée dans l’émotion et les perceptions. Or de nombreux patients signalent l’apparition des acouphènes juste après un stress ou une anxiété importante. Les chercheurs suggèrent ainsi que des facteurs émotionnels viennent se combiner aux facteurs auditifs.

· La formation réticulée, un centre d’éveil impliqué dans la réponse « combat ou fuite « ,

· l’hippocampe une zone qui participe notamment à la localisation des sons

· et le cervelet, une zone normalement activée lors de tâches de planification motrice. Si l’implication de toutes les autres zones peut s’expliquer, l’implication du cervelet intrigue les chercheurs. » Il pourrait agir comme une sorte de » barrière » qui laisserait le son fantôme atteindre la conscience « , concluent les auteurs.

Un réseau neuronal responsable bien plus large : L’étude montre ainsi, pour la première fois que l’activité cérébrale anormale associée aux acouphènes et à l’hyperacousie n’est pas confinée à un site précis du cerveau, mais implique en fait tout un réseau de neurones et de nombreuses zones du cerveau. Si les chercheurs ne savent pas encore expliquer le processus de développement des acouphènes dans le cerveau, ces données révèlent un réseau neuronal responsable bien plus large qu’on ne le pensait et proposent une technique permettant d’identifier quelles zones du cerveau sont en cause dans les 2 troubles.

Vers un traitement innovant ? Après avoir conceptualisé ce réseau impliqué dans les 2 troubles, les chercheurs espèrent pouvoir tester leur modèle en désactivant certains segments spécifiques de ce réseau. En procédant par élimination, ils pourront ainsi vérifier si la » fermeture » d’une partie de ce réseau soulage l’acouphène, l’hyperacousie ou les deux conditions.

Source : eLife May 12, 2015 DOI : 10.7554/eLife.06576 Tinnitus and hyperacusis involve hyperactivity and enhanced connectivity in auditory-limbic-arousal-cerebellar network

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